_ L'étang ardent - PERRINE FOREST

L'étang ardent

Modeste accablé en tabouret devant le carillon des sonnailles et le Cristal Baschet

↓

Pendant qu’un jeune homme tente d’articuler les mots de la bible, pris entre l’extase et l’effroi, le cheval de l’apocalypse dont il parle est délesté de son cavalier, le faux prophète, et l’animal brillant reste le seul Fidèle et Véritable. Et l’image terrifiante de l’épée aiguë qui ôte la vie est substituée par celle d’une rose magnifique, s’épanouissant tout droit de la gueule d’une salamandre autrefois persécutée car on disait d’elle qu’elle empoisonnait l’eau des puits. Salamandre jolie traverse les étangs incendiés. Modeste accablé, même extrait de là où il vient, porte en son âme les stigmates, il est l’esclave de son troupeau céleste.

C’est l’hiver et c’est le début du printemps, les vautours se rassasient de la chair de tous les rois, pourtant les fleurs éclosent dans la vallée.

Dans le cadre du Festival l’Art et la matière, l’artiste Perrine Forest explore les formes persistantes de mythes occidentaux anciens. Comment lire de manière sensible les symboles dont ces mythes étaient peuplés ? Comment comprendre les manières dont ils ont été digérés et dilués dans nos cultures contemporaines ? En quoi continuent-ils d’influencer la manière dont nous construisons nos identités intimes et sociales, malgré les métamorphoses esthétiques et politiques qu’ils ont subi au fil des époques ? À l’intérieur de ces systèmes éternels et changeants, elle cherche des failles où se glissent l’extase et l’empathie.

Dans l’espace du Prieuré de Charrière, à travers un environnement immersif nommé « L’étang ardent » qui mélange sculpture, film et musique, Perrine Forest convoque les figures archétypales de l’Apocalypse de Saint-Jean. Elles peuplent l’espace, comme un théâtre de consciences qui se rencontrent au bord du temps.

Texte : Irwin Barbé et Perrine Forest
Photos : Alexandre Bagdassarian